Avec très peu de moyens, l’école Eugène Flagey du Cœur d’Ixelles a entrepris un projet de grande ampleur pour réhabiliter ses toilettes. L’idée ? L’élève doit être avant tout acteur de la reconstruction des lieux qu’il côtoie chaque jour. Plongée dans une journée typique où l’implication prend tout son sens.
« Vous dessinez l’axe des abscisses, puis celui des ordonnées. Ensuite, vous dessinez les bâtonnets pour chaque réponse », ajoutant le geste à la parole, l’enseignante trace un beau diagramme sur le tableau noir. Face à elle, des mines réjouies. Les élèves de 6ème primaire savent qu’ils vont enfin pouvoir analyser les sondages qu’ils ont réalisés dans chacune des classes de leur école. Et il y a du boulot. Avec 131 élèves de maternel et 147 primaire, les statisticiens en herbe de l’école Eugène Flagey du Cœur d’Ixelles ont du pain sur la planche : dépouillement, statistiques et analyse des résultats. L’idée de départ ? Evaluer le ressenti des élèves sur les toilettes de l’école. « Nous avons vraiment laissé les élèves écrire ce sondage avec leurs propres mots ».
Car, comme pour chaque projet que lance l’école, ce qui importe c’est l’implication des élèves. « Ils doivent avant tout être acteurs du milieu dans lequel ils évoluent », nous explique Cathy Parmentier, directrice de l’établissement. Au final, chaque graphique (un par classe) ornera les murs de l’école et les résultats figureront dans les pages du journal de l’école pour le plus grand plaisir des enfants et de leurs parents.
Le but ? Partager le ressenti des élèves sur leurs toilettes, bien évidemment, mais aussi et surtout conserver une trace de la situation actuelle, avant que le grand chantier entourant le petit coin ne démarre. Comme 35 autres écoles de la Communauté française, l’école Eugène Flagey du Cœur d’Ixelles a obtenu le soutien du Fonds BYX pour réaménager ses toilettes dans un grand projet pédagogique. Et il suffit de se promener dans les couloirs et dans les différentes classes de l’établissement pour voir que les enseignants et leurs élèves prennent la tâche à cœur (voir encadré ci-dessous).
Direction, cette fois, la classe de troisième maternelle. Assis en cercle devant leur institutrice, les élèves attendent patiemment de s’atteler aux tâches du jour. Suspendus au-dessus de leurs têtes, se balancent des portraits noircis. Des profils que les élèves ont réalisés avec la photo de chacun d’entre eux. « Aujourd’hui, vous allez faire parler vos différents personnages en leur faisant dire des choses dans des bulles de BD », explique l’institutrice qui garde la finalité de la tâche bien en tête. « Nous souhaitons transformer les toilettes en véritables royaumes imaginaires dont les seuls rois et reines seront les enfants », nous confie-t-elle. Chaque portrait et sa bulle finira sur l’une des portes des toilettes tandis que cette dernière et ce qu’elle renferme seront plongés dans une ambiance thématique bien particulière. « C’est l’objet de la deuxième tâche que je propose aux enfants durant cette journée : sur une feuille de papier A4 où seul un WC a été dessiné, ils doivent imaginer les peintures murales dont les véritables toilettes seront agrémentées ». Et c’est en se plongeant dans un livre dépeignant les ambiances de la jungle, de la forêt, de l’espace ou encore de la préhistoire que les élèves trouveront l’inspiration. Lorsque les toilettes seront achevées, chaque classe de primaire et de maternelle deviendra la marraine d’une des toilettes rénovées. « Un moyen d’envisager l’implication des élèves sur le long terme » selon la directrice. En contemplant l’esthétique des toilettes actuelles et celle que les élèves et la direction envisagent, on en vient à se dire une chose : « Oui ! certaines toilettes ont du pot ! ».
Des initiatives à la pelle
La maxime de l’établissement est clair depuis le début : « Un nouveau projet doit impliquer tous les membres de l’école, des élèves au corps enseignant en passant par les techniciennes de surface, et s’inscrire dans la pérennité des lieux ».
Depuis le 19 novembre, journée mondiale des toilettes, les élèves et le corps enseignant se sont donc lancés dans ce projet de rénovation des toilettes. Et le projet pédagogique l’entourant est loin d’être pauvre. Voici quelques idées que l’établissement a décidé de mettre en œuvre :
- Les classes d’accueil ont décidé de transformer l’image d’un WC en véritable animal pour orner les murs de l’établissement.
- Les classes de 5ème et 6ème primaires ponceront les portes des toilettes avant que les classes de maternelles puissent les repeindre. Ils se rendront ainsi compte du travail que cela demande aux ouvriers.
- Les toilettes seront agrémentées de plantes odoriférantes pour atténuer les odeurs désagréables. L’école a choisi de suspendre des géraniums citronnés au plafond.
- L’infirmière imaginera des activités spécifiques avec quelques classes en guise de sensibilisation.
- Dans un comité de propositions, les enfants imagineront les nouvelles règles des toilettes avec le corps enseignant.
- Sur le mur des toilettes sur lequel sera disposé un tableau noir sur lesquel les élèves aussi bien que les techniciennes de surface pourront donner une cote à l’hygiène des lieux. Les élèves se rendront ainsi compte que si les toilettes sont sales, ce n’est pas seulement parce qu’elles ont été mal nettoyées. Les toilettes sont aussi sous leur responsabilité.
À noter : toutes ces activités et ces actions ont été réalisées avec un budget minimum de 913 € demandé au Fonds BYX. Comme quoi, on peut faire beaucoup avec peu de moyens.