Qui dit toilettes scolaires dit consommation d’eau. Pour des raisons tant économiques qu’écologiques, certaines écoles ont décidé de la réduire en installant des citernes de récupération d’eau de pluie. Par ici la visite !
Dans la province du Luxembourg, l’école secondaire Libre Saint-Hubert a franchi le pas il y a presque quatre ans : « A l’époque, nous avons effectué, avec les élèves, un état des lieux des sanitaires dans l’école. La consommation de l’eau était l’un des sujets qui revenait le plus régulièrement dans les discussions. Les élèves ont alors émis des idées pour réduire cette consommation, notamment l’installation de citernes de récupération d’eau de pluie pour alimenter les chasses d’eau des toilettes », raconte Frédéric Falmagne, directeur adjoint de l’école.
Au Collège Saint-Barthélemy de Liège, l’idée est également venue des élèves, via l’équipe d’éco-délégués. Benoît Fouarge, sous-directeur, gère les aspects financiers et techniques au sein de l’établissement. Il explique : « Au départ, l’idée était d’installer un puits. Cela s’y prêtait bien car l’école se trouve à 200 mètres à vol d’oiseau de la Meuse. Mais cela s’est rapidement avéré infaisable car il est extrêmement compliqué d’obtenir les autorisations. Nous avons donc modifié le projet en optant pour des citernes hors sol. »
Puisqu’il s’agit de citernes hors sol, l’installation est relativement facile. Après avoir choisi le modèle du récupérateur d’eau, il s’agit de déterminer l’emplacement : une surface plane, solide et proche de la gouttière d’un bâtiment, dans un endroit accessible, idéalement frais et sombre. L’étape suivante consiste à connecter la citerne avec la gouttière pour récupérer l’eau de pluie qui s’y écoule. Cette eau passera dans un premier filtre afin d’éliminer les saletés, avant d’être stockée dans la citerne. Enfin, il reste à raccorder la citerne aux chasses d’eau via une pompe qui pulse l’eau vers les canalisations d’alimentation, en faisant attention que l’eau de la citerne et l’eau de ville ne passe pas dans la même canalisation. En effet, l’eau de citerne ne doit jamais revenir vers le réseau public (danger de pollution). La citerne d’eau de pluie doit également être reliée à un système de trop-plein en cas de débordement et à un système d’approvisionnement en eau en cas de sécheresse prolongée.
L’école Libre Saint-Hubert a initialement opté pour une citerne de 3000 litres (650 euros). En hiver et en automne, cette contenance a suffi. Par contre, avec l’arrivée du printemps, la citerne s’est vidée en 10 jours seulement. L’école a donc décidé d’installer, en enfilade, une deuxième citerne de 3000 litres. Les citernes – 6000 litres au total – permettent aujourd’hui d’alimenter les deux blocs sanitaires de l’implantation pour une population de près de 500 élèves. « Mais l’école n’exclut pas de racheter une troisième citerne à l’avenir », confie Frédéric Falmagne, visiblement conquis.
A Liège, la capacité des citernes est de 10 000 litres (deux réserves de 5000 litres), pour un coût total de 5000 euros, payé en partie grâce au subside du programme « Ne tournons pas autour du pot ! ». « Des 5000 euros reçus via l’appel à projets, 3500 euros ont été dépensés pour les citernes. Les 1500 euros restant ont été utilisés pour des actions de sensibilisation », précise Benoît Fouarge.
En ce qui concerne l’entretien, il est nécessaire de s’assurer qu’il y a des filtres dans les citernes, de les laver et de vérifier que tout est en ordre. Il est également important de prévoir un système de « switch » automatique pour que l’eau courante prenne le relai de la citerne si celle-ci est vide. Rien de chronophage donc. Le seul danger, c’est le gel : « Pour protéger les citernes du gel, il y a un muret d’un côté et un gros buisson de l’autre. Avec ça, il n’y a jamais eu de souci ! »
Les deux citernes hors-sol, d’une capacité totale de 10 000 litres,
au Collège Saint-Barthélemy de Liège
Les deux écoles ont mis un point d’honneur à informer les élèves tout au long du processus d’installation des citernes. À Saint-Hubert, cela s’est fait notamment à travers des affichettes dans les sanitaires expliquant que les chasses sont alimentées par l’eau de pluie. À Liège, c’est le groupe d’éco-délégués, actif depuis 15 ans dans l’école et composé d’une vingtaine d’élèves de tout âge, qui s’est chargé d’informer les élèves de l’école.
Des prolongements ont aussi eu lieu en classe : à Saint-Hubert, les élèves ont étudié le fonctionnement de la citerne au cours de sciences tandis qu’à Liège, les élèves se sont intéressés aux statistiques pour démontrer l’apport des citernes. Et les effets sont positifs, selon Frédéric Falmagne : « les élèves comprennent maintenant le système. La citerne est visible. Ils sont également davantage sensibilisés à l’économie de l’eau. Lorsque la citerne est à sec, cela leur fait prendre conscience que l’eau est un élément à ne pas gaspiller ! Ce n’est pas pareil que si l’eau coulait simplement d’un robinet ».
Installer des citernes de récupération d’eau de pluie pour alimenter les chasses d’eau demande un peu de logistique – choix du matériel, installation et entretien – mais c’est une solution durable bénéfique tant d’un point de vue écologique qu’économique.
Certaines écoles font le choix d’agir à plus petite échelle pour réduire leur consommation d’eau. C’est le cas par exemple de l’Athénée royal d’Herstal, qui a installé deux cuves en plastique qui récoltent l’eau de pluie pour arroser le jardin et nettoyer les sols des toilettes toutes proches.
S’interroger sur l’utilisation de l’eau à l’école peut également amener les établissements à mettre à disposition des élèves des fontaines à eau ou à leur offrir des gourdes… Bref, des actions à la portée de tous !
Alors, à votre tour ?
Annexe :
Fiche informative : La citerne (Télécharger ici)
Fiche_Citernes