13/02/2017
Une émission et article issus de la RTBF.
Ecoutez le podcast de Questions-Clés sur le sujet des sanitaires scolaires :
Deux enfants sur trois ne vont pas aux toilettes lorsqu’ils sont à l’école, bien souvent en raison de l’état dans lequel les sanitaires se trouvent : toilettes bouchées, sol crasseux, porte absente ou délabrée, … La propreté n’est toutefois pas seule en cause dans la désertion des toilettes. On fait le point !
” L’intimité qu’on peut y trouver, le temps donné par les professeurs pour s’y rendre, lespressions psychologiques qui y prennent place au moment de la récréation, … Toutes ces choses rendent à leur façon ce – pourtant indispensable – lieu… infréquentable. A ce moment, deux solutions : soit on attend la dernière minute pour aller se soulager, soit, en amont, on évite de boire pour éviter de devoir faire pipi. Avec, évidemment, toutes les conséquences que cela a en termes de concentration, de bien-être, …”, nous explique Bernadette Taeymans, directrice de l’ASBL ” Question santé “.
Souvent, le nombre de toilettes est trop faible vis-à-vis du nombre d’élèves, ce qui amène à une utilisation intensive et continue des sanitaires. Si certaines écoles font attention au nettoyage, en prévoyant 2 sessions de nettoyage par jour plutôt qu’une seule par exemple, l’utilisation intensive fait qu’elles restent peu accueillantes, malodorantes, … Mais on ne pourrait en aucun cas accuser les écoles elles-mêmes.
” J’ai été enseignante, et j’ai remarqué que les enfants n’ont pas de temps à perdre pour aller aux toilettes “, constate Elisabeth, une auditrice. ” En effet, c’est un problème de timing “, explique Michel Devries, président du fonds BYX. ” Tout le monde a récréation en même temps, il y a dès lors un engorgement aux toilettes, c’est pour ça que dans nos projets , nous réfléchissons aussi à l’aspect pratique des choses, en proposant par exemple que les écoles proposent mettent en place un système de récréations décalées, pour éviter le fameux rush des sanitaires “, avance Michel Devries.
“Les enfants se retiennent de boire, ce qui a des répercussions sur leur attention à cause d’une déshydratation, voire d’une sensation de faim qui cache en réalité un besoin de s’hydrater. S’ils doivent tout de même aller aux toilettes, ils se retiennent à l’excès. Et ne parlons pas des jeunes filles qui, parfois dès l’école primaire, font face à leurs premières menstruations et ont encore plus besoin d’une intimité qu’elles peinent à trouver dans ces sanitaires peu attrayants”, note Michel Devries.
Laurence Perrat, urologue, explique dans ” Allo Docteurs ” (France 5) que les enfants auscultés à cause de ces problèmes de sanitaires sont nombreux, et ” surtout à cause des conséquences, comme les cystites, parce que les enfants se retiennent d’aller aux toilettes ou diminuent leurs apports en eau. Quand il y a diminution de l’apport hydrique, les infections sont plus nombreuses “, avance l’urologue. Oui mais, quelles solutions alors ? ” Il faut les forcer à aller aux toilettes en leur disant qu’il y a plus de risques d’infection quand on se retient ou quand on ne boit pas, qu’en s’asseyant sur des toilettes un peu sales “, explique-t-elle. ” On peut leur dire aussi d’utiliser des lingettes, du papier toilette pour nettoyer la cuvette “, ajoute l’urologue.
“Il y a d’abord les conséquences aiguës déjà évoquées, comme la cystite, mais on peut également mal élever sa vessie, c’est-à-dire qu’à force de se retenir, la vessie ne se videra pas bien, et il y aura des petits résidus. Ça touche plus les jeunes femmes, et faire marche arrière, c’est plutôt compliqué… ” prévient Laurence Perrat. ” Et le fait de se retenir”, ajoute Michel Devries, a des conséquences sur le développement de la vessie, qui à force de tout retenir, ne grandit pas et s’épaissit, provoque des difficultés à uriner chez la personne qui se retient, et in fine, des infections dues au fait qu’on ne la vide jamais entièrement.”
” Certains professeurs interdisent à leurs élèves d’aller aux toilettes durant l’heure de cours. On se retrouve donc dans une situation de tension entre la nécessité de satisfaire un besoin indispensable et de l’autre, la nécessité d’avoir un “groupe classe” qui travaille sans être dérangé toutes les 5 minutes. Cela fait aussi partie de nos axes de travail avec la plateforme “, avance Bernadette Taeymans.
Dans cette histoire de sanitaires, on rencontre une multitude d’acteurs : ” Le pouvoir organisateur, le conseil de participation, les parents, les enseignants, les directions, les communes (si le pouvoir est communal) et bien entendu, les enfants qui doivent s’approprier les lieux de façon correcte, sans les détruire et les salir “, explique Michel Devries. ” Ça doit devenir leur lieu à eux, où ils se sentent bien “, ajoute-t-il.
Pour pallier à tous ces problèmes, une plateforme a été mise sur pied en 2016 et en est déjà à son 3e appel à projets autour de la question des sanitaires à l’école. Une seule adresse : netournonspasautourdupot.be