Des toilettes sèches aux légumes

Octobre 2017
Article issu de “Entrées Libres”

 

Pas de toilettes dans le bâtiment ? Qu’à cela ne tienne, l’Institut de l’Assomption-Sainte-Thérèse à Watermael-Boitsfort1 a trouvé une solution peu onéreuse, pratique et en accord avec son projet d’établissement : installer des toilettes sèches dans sa classe d’accueil et de 1re maternelle !

Nos sanitaires se trouvant à l’extérieur, dans la cour, nous devions trouver une solution pour les plus petits, explique Philippine TERLINDEN, institutrice maternelle polyvalente à l’Institut de l’Assomption. Les toilettes sèches se sont imposées, pour leur côté pratique et leur cout restreint. » C’est avec enthousiasme que l’institutrice revient sur cette installation, qui date de l’an dernier et qui fait partie d’un projet bien plus large initié par l’établissement : « Le projet de l’école insiste sur l’importance d’apprendre aux enfants les bons gestes pour la planète. Et nous avons à proximité le Chant des cailles, un grand espace vert de Watermael-Boitsfort, qui dispose d’un grand maraichage et d’un potager partagé. Tous les habitants du quartier y disposent d’une parcelle à cultiver, et nous aussi ! » Les toilettes sèches font partie intégrante de cette dynamique d’école autour d’un projet vert et d’une réflexion plus vaste sur l’écologie, la biodiversité…

«  Elles serviront, en fait, à produire du compost qui nous permettra de cultiver notre potager  ! C’est notre homme d’ouvrage qui s’est chargé de leur installation, avec des planches en bois et des seaux placés en-dessous des trous. Pour leur utilisation, nous récupérons de la sciure de bois auprès d’un menuisier, que les enfants ont appris à verser dans le seau après avoir été sur le pot. Normalement, cela neutralise les odeurs, mais nous avons tout de même aménagé un petit local dans un coin de la classe pour que ce soit un peu à l’écart. » Les toilettes se trouvent donc dans le local classe, ce qui est bien pratique pour les enfants et les institutrices, qui ne doivent pas se déplacer. « Cela concerne ici la classe d’accueil et de 1re maternelle, mais en hiver, les élèves de 2e et 3e années seront aussi les bienvenus, pour ne pas devoir aller dans la cour par temps froid. »

Un prix au Bubble

Les petits se sont vite habitués à ces toilettes un peu particulières  : «  Ils s’en sortent assez bien, mais la sciure est un matériau assez amusant, qui ressemble un peu à du sable… Résultat, on se retrouve de temps en temps avec une plage de sable fi n dans les toilettes  ! Il faut encore aussi instaurer un système de charge pour vider les seaux. Les grands devront s’en occuper quand il faudra le faire tous les jours pour remplir le compost. »

L’école s’est d’ailleurs inscrite cette année auprès de Bruxelles-Environnement pour bénéficier d’un accompagnement à la gestion du compost. « Nous en avions déjà un petit, mais ici il doit être organisé de manière plus sérieuse, car les déchets seront retraités. L’asbl Worms nous aide dans cette démarche, et le compost pourra ensuite alimenter le potager. »

Les enseignants étaient, quant à eux, assez réticents au départ, mais vu l’enthousiasme des enfants et des parents, qui n’ont vu aucun inconvénient aux toilettes sèches, ils se sont laissés convaincre… «  D’autant plus que nous avons remporté le Prix du jury au Bubble festival, qui rassemble des projets « environnement » dans les écoles. Ce prix, c’est une reconnaissance, ça encourage, ça dynamise ! » Grâce aux toilettes sèches, la boucle est bouclée, en quelque sorte, à l’Institut de l’Assomption. Plus pratique, plus écologique et plus économique, ce système lui permettra de cultiver ses fruits et légumes, en totale autarcie. «  C’est tout bénéfice pour nous, à tous points de vue. Nous réfléchissons d’ailleurs d’ores et déjà à installer d’autres toilettes sèches, pour les plus grands cette fois ! »

 

Et patati
Et patata

La question des toilettes n’est pas étrangère au mal-vivre dans nos écoles. Tous ces petits « manquements » à leur intégrité physique sont les premières violences que nous leur faisons subir.

Délégué général aux Droits de l’Enfant