Ce 23 novembre, l’Athénée Fernand Blum à Schaerbeek inaugurait ses toilettes rénovées. Tous les acteurs impliqués étaient invités à la cérémonie d’inauguration : la commune de Schaerbeek, en charge de l’entretien des bâtiments scolaires, la direction, les enseignants, le personnel d’entretien et bien sûr les élèves de l’Athénée et les élèves de l’Institut communal technique Frans Fischer impliqués dans le projet.
Dans l’entrée de l’établissement, des panneaux d’exposition retracent l’histoire du projet « Ne tournons pas autour du pot ! ». Trois ans, c’est le temps qu’il aura fallu à Laurence, professeure d’histoire et de citoyenneté, tornade d’énergie, elle-même ancienne déléguée, pour faire bouger les choses et améliorer les toilettes de l’Athénée Fernand Blum, avec le soutien de la direction et des élèves « délégués citoyens ».
Laurence assume pleinement et sans tabou sa position de « référente toilettes », mais pour autant, ce projet d’amélioration des sanitaires scolaires n’a pas été un long fleuve tranquille. Concrètement le défi consistait à améliorer les 7 toilettes pour 500 élèves, situées à l’extérieur dans un bloc sanitaire plutôt délaissé. Au départ, elle s’est lancée avec les délégués, heureux d’être enfin entendus et pris au sérieux, dans une enquête. L’école a ensuite postulé à l’appel à projet du Fonds BYX et obtenu le soutien financier et l’accompagnement du programme « Ne tournons pas autour du pot ! ».
Puis, les réunions se sont enchainées, avec la commune et les responsables des travaux. Acheter des poubelles ? Pas si vite, il faut passer par les procédures d’achat réglementaire. Augmenter le nombre de toilettes ? Inenvisageable, dans ce bâtiment classé. Raison de plus pour miser sur la qualité et faire des sanitaires existants des lieux vraiment accueillants, confortables, et décorés au goût des élèves, pour qu’ils s’y sentent bien et en prennent soin.
Pour Laurence, il était important que les jeunes participent à toutes les étapes du projet. Faire pour eux, mais sans eux, n’aurait pas eu de sens. Au final, le projet a permis de renforcer le rôle des délégués citoyens et de convaincre plus d’élèves de s’impliquer dans la vie de l’école. Aujourd’hui, toutes les classes ont leurs délégué(e)s et ceux-ci ont bien l’intention de s’attaquer à d’autres questions qui les touchent, comme la lutte contre le harcèlement.
Laurence et les élèves délégués ont organisé un concours de dessin et choisi de collaborer avec l’Institut communal technique Frans Fischer pour la réalisation graphique et la pose de panneaux décoratifs. Les toilettes ont adopté un « total look » manga. La séparation entre filles et garçons, souhaitée par les élèves, est aussi mieux matérialisée.
Les protections hygiéniques ne sont toujours pas en libre accès mais les élèves dans le besoin peuvent désormais en trouver dans le bureau des secrétaires, plutôt qu’à l’étude. L’environnement féminin met plus à l’aise les jeunes filles, certaines se trouvant en situation de précarité menstruelle (en difficulté pour se procurer des produits hygiéniques).
Autre amélioration : les toilettes sont mieux encadrées, plus sécurisantes et le personnel d’entretien se sent respecté. Mais tout n’est pas rose pour autant : l’interdiction de s’y rendre en dehors des heures de récréation est maintenue. Laurence le reconnait, pourtant : se retenir, ce n’est pas bon, ni pour le ventre, ni pour la concentration.
Le projet continue et il inspire. Un collègue de Laurence est volontaire pour offrir de son temps et l’aider à animer le groupe des délégués. La deuxième implantation de l’école se lance cette année à son tour dans un projet « Ne tournons pas autour du pot ! ». Laurence, quant à elle, rêve de verduriser la cour.