L’association de parents de l’école Saint-André (Ixelles) s’est pleinement impliquée dans le projet de rénovation des toilettes. Place aux parents ! Mais aussi à l’infirmière du Service PSE qui a offert une aide précieuse aux enseignants.
Dans cette école ixelloise, l’association de parents joue un rôle plus qu’actif. Chaque année, elle organise des festivités et activités en tout genre pour récolter des fonds afin d’améliorer le confort des élèves et initier ou soutenir des projets au sein de l’école. L’association a également instauré un rituel annuel : un samedi « lavage de vitres » pendant lequel les parents volontaires relèvent leurs manches.
Avec toute cette énergie, il n’est pas étonnant d’apprendre que c’est l’association de parents qui a pris en charge l’appel à projets « Ne Tournons Pas Autour Du Pot ! ».
Conviés au Conseil des Enfants pour discuter de la problématique des toilettes à l’école, les parents ont pu entendre les plaintes des enfants concernant la “mocheté des toilettes”, réaliser un état des lieux et établir un plan d’actions. “Une rénovation s’imposait, raconte Véronique Wierzejewski, l’actuelle présidente de l’association de parents. En pratique, nous avons scindé les priorités : d’un côté, le projet de rénovation, de l’autre, celui de la sensibilisation, dans lequel l’infirmière PSE s’est elle aussi beaucoup impliquée.”
Côté rénovation, les parents ont aussi bien mis la main à la pâte qu’au porte-monnaie.
Pour répondre aux demandes des enfants, une maman artiste a ainsi imaginé une fresque pour les toilettes. Et cette année, les parents ont profité du traditionnel jour du lavage des vitres pour repeindre les toilettes, y installer un panneau de séparation et y poser des décorations.
Par ailleurs, l’association de parents a initié un appel de fonds qui a permis de financer des sèche-mains électriques. Et l’argent récolté par la traditionnelle vente de plantes des papas jardiniers de l’association, habituellement destiné à l’embellissement de l’école et au bien-être des enfants, a, pour cette année, couvert les frais de peinture des WC.
Enfin, les parents prévoient d’agrémenter les toilettes de plants de lavande.
Concernant la sensibilisation, c’est toute la problématique de l’eau qui a fait partie d’un projet approuvé par la directrice et présenté aux enseignants.
Dans ce cadre, deux classes de 3e primaire ont été nommées “Ambassadrices de l’eau“. Leurs professeurs ont imaginé un programme construit sur deux ans avec classe de mer, étude du cycle de l’eau et élaboration d’un livret de sensibilisation intitulé Mission eau.
Une journée de l’eau sera également organisée dans l’école avec la forte implication des classes de 3e et l’aide des parents. Au programme : théâtre d’ombres pour les maternelles et exposition, ateliers et expériences sur le thème de l’eau pour les primaires.
Enfin, les bonnes résolutions de tous seront accrochées sur un arbre en carton de récupération, placé dans le hall de l’école.
Bref, l’école et les élèves n’ont pas chômé et tous ces projets ont pu voir le jour grâce aux parents qui ont soutenu les besoins matériels des enseignants.
“Georges et Georgette” : les Mr et Mme pipi fictifs à la rescousse des toilettes de St André
Mais Georges et Georgette, c’est qui, c’est quoi ? Ce sont deux personnages imaginés par l’association de parents à l’occasion du projet de rénovation des toilettes de l’école. Dans le cadre de cette initiative, une boîte mail personnifiée par ce drôle de couple a été mise en place pour recueillir de façon sympathique les questions, remarques et témoignages des parents : georgesetgeorgettesaintandre@gmail.com.
Mais leur rôle ne s’arrête pas là, Georges et Georgette sont aux premières loges pour faire de la sensibilisation. Disposés sur les portes des toilettes, des autocollants à leur effigie font part de leurs conseils en matière d’hygiène et de respect des lieux aux visiteurs des sanitaires.
Depuis plus de 20 ans, Laurence Heymans, infirmière scolaire du Service PSE rattaché à l’école Saint-André, a mené de très nombreux projets de prévention santé auprès des familles et au sein des classes.
“En général, ils concernent les dents, l’alimentation, les vaccins, le lavage des mains et l’EVRAS¹ pour les plus âgés… mais c’est bien la première fois que je participe à un projet sur les toilettes”, remarque-t-elle.
Dès qu’elle a appris que l’association de parents se lançait dans un projet sur ce thème, l’infirmière a proposé son aide. Elle est ainsi intervenue dans les classes où les professeurs motivés avaient décidé d’explorer le thème de l’eau.
En annonçant aux élèves d’une classe de 4e primaire qu’ils allaient, ensemble, parler des toilettes, les réactions du genre “Oh non, pas ça !” n’ont pas tardé. Mais les deux séances menées avec les élèves ont ouvert la voie à de nombreux échanges pour finalement laisser place à un intérêt marqué des élèves pour le sujet.
“J’ai débuté la première séance avec des photos montrant l’état des toilettes de l’école”, indique-t-elle. Une question fondamentale a ensuite émergé : qui est responsable des toilettes ? “J’ai alors encouragé les enfants à ne plus passer par l’emploi du ‘on’ et à utiliser le ‘je’. C’est à travers le ‘je’ qu’ils ont pris des décisions les concernant personnellement, comme le fait de ne plus participer à des batailles de papier aux toilettes. Ou bien d’oser dire que non, ils ne sont pas d’accord avec certains comportements”, précise-t-elle.
Laurence Heymans a également entendu les enfants qui racontaient ne pas boire durant la journée pour éviter de devoir aller aux toilettes à l’école. L’infirmière a alors pu aborder les conséquences physiologiques liées à de telles pratiques. Par ailleurs, elle a aussi été attentive à leur gêne de devoir demander du papier. Mais ce problème sera résolu sous peu grâce à la pose de distributeurs individuels. Les enfants ont également exprimé leurs difficultés face à ces toilettes considérées comme un lieu de jeux par certains, sans lumière (un problème désormais réglé) et aux portes sans verrou.
Au-delà des interventions qu’elle a menées, Laurence Heymans considère que son rôle consiste à servir d’intermédiaire entre tous les acteurs de l’école (parents y compris), afin de faciliter contacts et projets. Pour elle, il était donc logique de s’intégrer aux initiatives concernant l’eau et les toilettes. “Cette aide est bienvenue auprès des professeurs qui apprécient qu’on leur propose du matériel et des moyens pour exploiter ces thèmes dans leurs classes”, précise-t-elle.
De son côté, Véronique Wierzejewski se dit que dans un tel projet, par ailleurs “plus lourd qu’il n’y semblait”, c’est à l’association de parents de “ne rien lâcher” et de rappeler à tous qu’il faut continuer, étape par étape. “L’entente et le climat de confiance qui existent avec la direction, tout comme la grande autonomie qui nous est accordée, permettent de faire avancer les choses”, estime la présidente.
Et voilà comment un projet de rénovation des toilettes a permis d’apporter un coup de vent frais dans l’école.
¹ Education à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle